Don Amorth: Notre-Dame est l'ennemi de Satan

3. Marie contre Satan. Et nous arrivons au sujet qui nous intéresse le plus directement et qui ne peut être compris qu'à la lumière de ce qui précède. Pourquoi Marie est-elle si puissante contre le diable? Pourquoi le malin tremble-t-il devant la Vierge? Si jusqu'ici nous avons exposé les raisons doctrinales, il est temps de dire quelque chose de plus immédiat, qui reflète l'expérience de tous les exorcistes.
Je commence par les excuses que le diable lui-même a été forcé de faire de la Madone. Forcé par Dieu, il parlait mieux que n'importe quel prédicateur.
En 1823, à Ariano Irpino (Avellino), deux célèbres prédicateurs dominicains, le P. Cassiti et le P. Pignataro, ils ont été invités à exorciser un garçon. A cette époque, les théologiens discutaient encore de la vérité de l'Immaculée Conception, qui fut alors proclamée dogme de la foi trente et un ans plus tard, en 1854. Eh bien, les deux frères ont ordonné au diable de prouver que Marie était Immaculée; et d'ailleurs ils lui ordonnèrent de le faire au moyen d'un sonnet: un poème de quatorze vers hendécasyllables, avec une rime obligatoire. Il est à noter que l'homme possédé était un garçon de douze ans et analphabète. Satan a immédiatement prononcé ces versets:

Je suis la vraie Mère d'un Dieu qui est Fils et fille de Lui, bien que sa Mère.
Ab aeterno Il est né et Il est mon Fils, à temps je suis né, pourtant je suis Sa Mère
- Il est mon Créateur et il est mon Fils;
Je suis sa créature et je suis sa mère.
C'était un prodige divin que mon Fils était un Dieu éternel, et que j'avais pour Mère
L'être est presque commun entre la Mère et le Fils parce qu'être du Fils avait la Mère et être de la Mère avait aussi le Fils.
Or, si l'être du Fils a eu la Mère, soit il faut dire que le Fils a été taché, soit sans défaut que la Mère a à dire.

Pie IX fut ému lorsque, après avoir proclamé le dogme de l'Immaculée Conception, il lut ce sonnet qui lui fut présenté à cette occasion.
Il y a des années, un de mes amis de Brescia, d. Faustino Negrini, décédé il y a quelques années alors qu'il exerçait le ministère d'exorciste au petit sanctuaire de la Stella, m'a raconté comment il avait forcé le diable à s'excuser auprès de la Madone. Il lui a demandé: "Pourquoi es-tu si terrifié quand je parle de la Vierge Marie?" Elle s'entendit répondre, à travers la femme possédée: «Parce qu'elle est la créature la plus humble de toutes et que je suis la plus fière; elle est la plus obéissante et je suis la plus rebelle (à Dieu); c'est le plus pur et je suis le plus sale ».

Me souvenant de cet épisode, en 1991, en exorcisant un possédé, j'ai répété au diable les paroles prononcées en l'honneur de Marie et je lui ai enjoint (sans avoir la moindre idée de ce à quoi j'aurais répondu): "La Vierge Immaculée a été louée pour trois vertus. Maintenant tu dois me dire quelle est la quatrième vertu, pour laquelle tu en as si peur ». J'ai tout de suite senti la réponse: "Elle est la seule créature qui puisse me vaincre complètement, car elle n'a jamais été touchée par la moindre ombre du péché".

Si le diable de Marie parle ainsi, que devraient dire les exorcistes? Je me limite à l'expérience que nous avons tous: il est tangible que Marie soit vraiment la Médiatrice des grâces, car c'est toujours elle qui obtient la libération du diable du Fils. Quand on commence à exorciser un possédé, un de ceux que le diable a vraiment en lui, on se sent insulté, moqué: «Je vais bien ici; Je ne sortirai jamais d'ici; tu ne peux rien contre moi; vous êtes trop faible, vous perdez votre temps… ». Mais peu à peu Maria entre sur le terrain et puis la musique change: «Et celle qui le veut, je ne peux rien contre elle; dites-lui d'arrêter d'intercéder pour cette personne; aime trop cette créature; alors c'est fini pour moi… ».

Il m'est arrivé aussi plusieurs fois d'entendre l'intervention de Notre-Dame aussitôt reprochée, dès le premier exorcisme: «J'étais si heureuse ici, mais c'est elle qui t'a envoyé; Je sais pourquoi tu es venue, parce qu'elle le voulait; si elle n'était pas intervenue, je ne vous aurais jamais rencontré ... ».
Saint Bernard, à la fin de son fameux Discours sur l'aqueduc, sur le fil d'un raisonnement strictement théologique, conclut par une phrase sculpturale: «Marie est toute la raison de mon espérance».
J'ai appris cette phrase alors que j'étais enfant, j'attendais devant la porte de la cellule n. 5, à San Giovanni Rotondo; c'était la cellule du P. Pieux. J'ai ensuite voulu étudier le contexte de cette expression qui, à première vue, pouvait paraître purement dévotionnelle. Et j'ai goûté à sa profondeur, à sa vérité, à la rencontre entre doctrine et expérience pratique. Je le répète donc volontiers à tous ceux qui sont dans le désespoir ou le désespoir, comme cela arrive souvent à ceux qui sont frappés par des maux maléfiques: "Marie est toute la raison de mon espérance".
D'elle vient Jésus et de Jésus tout bon. C'était le plan du Père; un design qui ne change pas. Toute grâce passe par les mains de Marie, qui obtient pour nous cette effusion du Saint-Esprit qui libère, console, réjouit.
Saint Bernard n'hésite pas à exprimer ces concepts pas une affirmation décisive qui marque l'aboutissement de tout son discours et qui a inspiré la célèbre prière de Dante à la Vierge:

«Nous vénérons Marie avec toute l'élan de notre cœur, de nos affections, de nos désirs. Il en sera de même pour Celui qui a établi que nous recevons tout par Marie ».