Le pape François: prendre en compte les petites choses

PAPE FRANCESCO

MÉDITATION DU MATIN DANS LA CHAPELLE DE
DOMUS SANCTAE MARTHAE

Tenir compte des petites choses

jeudi 14 décembre 2017

(tiré de : L'Osservatore Romano, éd. quotidienne, Année CLVII, n.287, 15/12/2017)

Tout comme une mère et un père, qui s'appellent tendrement avec un terme d'affection, Dieu est là pour chanter la berceuse à l'homme, jouant peut-être la voix d'un enfant pour être sûr d'être compris et sans même craindre de se rendre « ridicule ». . ", Car le secret de son amour c'est " le grand qui devient petit ". Ce témoignage de paternité - d'un Dieu qui demande à chacun de lui montrer ses blessures afin de pouvoir les guérir, tout comme un père le fait avec son fils - a été relancé par le pape François lors de la messe célébrée le jeudi 14 décembre à Sainte Marta.

S'inspirant de la première lecture, tirée « du livre de la consolation d'Israël du prophète Isaïe » (41, 13-20), le Souverain Pontife a tout de suite souligné combien il souligne « un trait de notre Dieu, un trait qui est la bonne définition de lui : la tendresse ». De plus, a-t-il ajouté, "nous l'avons dit" également dans le Psaume 144 : "Sa tendresse s'étend à toutes les créatures".

"Ce passage d'Isaïe - a-t-il expliqué - commence par la présentation de Dieu :" Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui te tient par la main droite et je te dis : N'aie pas peur, je viendrai à ton aide " ". Mais "l'une des premières choses frappantes de ce texte" est la façon dont Dieu "te dit" : "N'aie pas peur, petit ver de Jacob, larve d'Israël". En substance, a dit le pape, Dieu "parle comme un père à un enfant". Et en fait, a-t-il souligné, "lorsque le père veut parler à l'enfant, il rend sa voix plus petite et, aussi, essaie de la rendre plus proche de celle de l'enfant". De plus, "quand le père parle à l'enfant, il semble se ridiculiser, car il devient un enfant : et c'est de la tendresse".

Par conséquent, le Pontife a poursuivi: «Dieu nous parle ainsi, nous caresse ainsi:« N'aie pas peur, ver, larve, petit »». Au point qu'"il semble que notre Dieu veuille nous chanter une berceuse". Et, a-t-il assuré, "notre Dieu en est capable, sa tendresse est ainsi : il est père et mère".

Après tout, a affirmé François, "il a dit à plusieurs reprises :" Si une mère oublie son enfant, je ne t'oublierai pas ". Il nous emmène dans ses propres entrailles ». Donc « c'est le Dieu qui avec ce dialogue se fait petit pour nous faire comprendre, pour nous faire confiance en lui et peut lui dire avec le courage de Paul qu'il change la parole et dit : « Papa, abbà, papa ». Et c'est la tendresse de Dieu ».

Nous sommes confrontés, a expliqué le Pape, à "l'un des plus grands mystères, c'est l'une des plus belles choses : notre Dieu a cette tendresse qui nous rapproche et nous sauve avec cette tendresse". Bien sûr, a-t-il poursuivi, "il nous châtie parfois, mais il nous caresse". C'est toujours « la tendresse de Dieu ». Et «c'est lui le grand: 'N'ayez pas peur, je viens à votre secours, votre rédempteur est le saint d'Israël'». Et ainsi « c'est le grand Dieu qui se fait petit et dans sa petitesse ne cesse d'être grand et dans cette grande dialectique il est petit : il y a la tendresse de Dieu, le grand qui se fait petit et le petit qui est grand ".

« Noël nous aide à comprendre ceci : dans cette crèche le petit Dieu », répète François confiant : « Une phrase de saint Thomas me vient à l'esprit, dans la première partie de la Somme. Voulant expliquer ce « qu'est-ce qui est divin ? quelle est la chose la plus divine ?" il dit : Non coerceri a maximo contineri tamen a minima divinum est ». C'est-à-dire : ce qui est divin, c'est d'avoir des idéaux qui ne sont pas limités même par ce qui est le plus grand, mais des idéaux qui sont en même temps contenus et vécus dans les plus petites choses de la vie. En substance, a expliqué le Souverain Pontife, il s'agit d'une invitation « à ne pas avoir peur des grandes choses, mais à tenir compte des petites choses : c'est divin, les deux ensemble ». Et cette phrase que les jésuites connaissent bien car "elle a été prise pour faire une des pierres tombales de saint Ignace, comme pour décrire aussi cette force de saint Ignace et aussi sa tendresse".

« C'est le grand Dieu qui a la force de tout - dit le Pape, se référant encore au passage d'Isaïe - mais il se rétrécit pour nous rapprocher et là il nous aide, il nous promet des choses : « Ici, je vais vous donner de retour comme batteuse ; tu battras, tu battras tout. Vous vous réjouirez dans le Seigneur, vous vous glorifierez du saint d'Israël »». Ce sont « toutes les promesses pour nous aider à avancer : » Le Seigneur d'Israël ne vous abandonnera pas. Je suis avec toi"".

« Mais qu'il est beau - s'exclame François - de faire cette contemplation de la tendresse de Dieu ! Quand on ne veut penser qu'au grand Dieu, mais qu'on oublie le mystère de l'incarnation, cette condescendance de Dieu parmi nous, à venir rencontrer : le Dieu qui n'est pas seulement père mais père ».

À cet égard, le Pape a suggéré quelques pistes de réflexion pour un examen de conscience : « Suis-je capable de parler ainsi avec le Seigneur ou ai-je peur ? Tout le monde répond. Mais quelqu'un peut dire, peut demander : mais quelle est la place théologique de la tendresse de Dieu ? Où trouver la tendresse de Dieu ? Quel est le lieu où la tendresse de Dieu se manifeste le mieux ? ». La réponse, précise François, est « la blessure : mes blessures, tes blessures, quand ma blessure rencontre sa blessure. Dans leurs blessures nous avons été guéris ».

"J'aime à penser - confia à nouveau le Pontife en proposant le contenu de la parabole du Bon Samaritain - ce qui est arrivé à ce pauvre homme qui est tombé entre les mains des brigands sur le chemin de Jérusalem à Jéricho, ce qui s'est passé quand il a repris connaissance et se couche sur le lit. Il a sûrement demandé à l'hôpital : « Que s'est-il passé ? », lui dit le pauvre : « Tu as été battu, tu as perdu connaissance » - « Mais pourquoi suis-je ici ? - « Parce qu'il est venu quelqu'un qui a nettoyé tes plaies. Il vous a guéri, vous a amené ici, a payé votre pension et a dit qu'il reviendrait régler les comptes s'il y avait encore quelque chose à payer »».

Précisément « c'est le lieu théologal de la tendresse de Dieu : nos blessures », a affirmé le Pape Et, par conséquent, « que nous demande le Seigneur ? « Mais allez, allez, allez : laisse-moi voir ta blessure, laisse-moi voir tes blessures. Je veux les toucher, je veux les guérir »». Et c'est « là, dans la rencontre de notre blessure avec la blessure du Seigneur qui est le prix de notre salut, il y a la tendresse de Dieu ».

En conclusion, François propose de réfléchir à tout cela « aujourd'hui, dans la journée, et essayons d'entendre cette invitation du Seigneur : « Viens, viens : fais-moi voir tes blessures. Je veux les guérir »».

Source : w2.vatican.va